Coaching ou psychothérapie ?

C’est un débat qui n’est pas prêt de se terminer. Entre les coachs de vie qui prétendent faire de la thérapie et les psychothérapeute qui décrivent leur démarche comme étant du coaching, où se situe la frontière ? Un coach peut-il (ou doit-il ?) être thérapeute, et vice-versa…

Si on vulgarise à l’extrême on dira que

  • le coaching est orienté FUTUR et présuppose que si le futur est suffisamment motivant, alors le sujet – quelles que soient ses aptitudes de départ, voire [quel que soit] son état psychologique – peut développer des ressources [dont il a les germes en lui] pour atteindre son objectif.
  • la thérapie est orientée PASSÉ et présuppose que les blocages actuels [ce qui empêche les individus d’atteindre leurs objectifs] résultent de l’histoire de vie du patient. Si la (psycho)thérapie parvient à dénouer certains nœuds, alors le patient sera libre et pourra aller [plus] naturellement vers son objectif.

Cela étant dit, la réalité est beaucoup plus complexe et ces présupposés peuvent être vrais et faux à la fois. Autant le coach peut être un motivateur hors pair, il peut maîtriser l’art du questionnement, il peut faire des recadrages pertinents,… autant s’il a en face de lui un sujet qui a un trauma suffisamment important (ancré dans sa « structure profonde »), le travail pourrait s’avérer plus compliqué ; à court terme le coaching peut éventuellement donner des résultats, mais à long terme la machine risque à un moment de s’enrayer à nouveau. Cela n’est certes pas systématique, mais le risque existe.

Quant au thérapeute, il peut faire un excellent travail, notamment par rapport à la restructuration émotionnelle liée au passé du patient (transe, hypnose), mais si les objectifs ne sont pas correctement fixés et s’il ne met pas suffisamment en action son patient à travers des tâches (le coach est très bon pour cela ! #tasking), le travail peut s’avérer stérile.

C’est pour cela que dans la pratique, les deux métiers sont très proches. Partant du principe que ceux de qui on parle ont été formés dans des instituts sérieux et dont les compétences ont été reconnues et certifiées par leurs pairs, un thérapeute va utiliser les mêmes outils qu’un coach, notamment dans la façon de formuler un objectif (la PNL par exemple peut être un tronc commun dans les formations respectives, il s’agit en tout cas d’une boîte à outils pertinente dans une démarche de changement). Tandis que le coach peut rapidement comprendre que si son client vit une souffrance psychique qui le conduit systématiquement vers une situation où il y a blocage, il aura des difficultés à faire aboutir le coaching s’il n’a pas reçu de formation en thérapies brèves (par exemple). Dans ce cas de figure la déontologie du coach lui impose de recommander à son client d’aller voir un thérapeute.

D’un point de vue personnel, j’exerce ce métier (de psychothérapeute) avec la posture « coach » dans le sens où étaler le passé du sujet ne fait pas partie d’un « protocole » fixe et systématique (sauf si la demande est explicite et est d’ordre psychique), et qu’en effet, si l’objectif est suffisamment motivant pour le sujet, il est possible d’envisager un travail et d’obtenir des résultats. Au cours des séances, émergeront les ressources du sujet, sa créativité sera stimulée, et plus encore : il sera mis en mouvement à travers des actions concrètes (en rapport avec son objectif), recevra du feedback, jusqu’à ce qu’il finisse par atteindre son objectif ! Voilà ce qu’il en est par rapport à ce qu’on appelle « du coaching pur », une démarche stimulante que tout le monde devrait s’autoriser, puisque les progrès sont concrets, objectifs, et mesurables. Quand on a certaines attentes envers la vie – et il vaut mieux en avoir ! – le coaching est un processus qui peut réellement changer une vie, ou du moins lui faire prendre une trajectoire infiniment plus intéressante dès lors où il y a un désir de changement.

En revanche, dans les cas où le sujet vit des choses récurrentes (qui génère du mal-être), s’il y a par exemple la présence d’un trauma (c’est-à-dire un choc émotionnel non complètement digéré et générant des troubles psycho-émotionnels), le bon sens voudrait qu’on mette en place un processus pour ne pas qu’il reste dans cet état. Personne n’est assez fort pour supporter indéfiniment un mal-être profond. Par bonheur, il existe des outils en thérapies brèves très efficaces et complémentaires à une démarche de coaching, et dont j’ai eu la chance de pouvoir m’être formé (l’hypnose ericksonienne notamment ainsi que l’EMDR).