La thérapie de libération s’adresse en particulier à des personnes ayant développé une résilience extrême, c’est-à-dire une capacité de développer des aptitudes – voire même d’être performant – en dépit d’un passif psychologique potentiellement très chargé. Nous évoquons ici en particulier les traumas, soit des traces dans le psychisme d’expériences traumatiques.

Ces expériences sont stockées dans la mémoire épisodique, dans le lobe temporal médian, soit une région du cerveau comprenant l’hippocampe (région impliquée dans la mémoire) et l’amygdale (région des émotions). C’est la raison pour laquelle les souvenirs à haute charge émotionnelle (son mariage par exemple ou la naissance de ses enfants) ont des connexions cérébrales telles qu’on s’en rappelle comme si c’était hier (alors que nous nous souvenons à peine de ce que nous avons mangé hier). Nous aimons remémorer ces beaux souvenirs de notre vie à travers des photos ou des anecdotes qu’on aime partager. Ce sont nos beaux souvenirs.

Et puis il y a les autres souvenirs qui sont beaucoup moins agréables et qui ne sont pas spécialement hiérarchisés en fonction de leur gravité intrinsèque, mais de la façon dont le sujet a vécu l’expérience.

Les traumas

Parmi les expériences générant de lourds traumatismes, citons :

  • Les scènes de guerre (ou actes de terrorisme), explosions, voir quelqu’un mourir,…
  • Les catastrophes naturelles : tremblements de terre, tsunamis, incendies,…
  • Les atteintes à sa personne : agressions, viols, prises d’otage, kidnapping,…
  • Les accidents de voiture, mais aussi de car, d’avion, de train, ou tout autre transport…

D’autres expériences faisant partie « des choses de la vie » – dans le sens où tout le monde est confronté comme la disparition d’un proche – peuvent aussi laisser générer un trauma.

Le trauma survient à divers moments (souvent sans prévenir), parfois au milieu de la nuit (dans les rêves ou cauchemars) et génère des angoisses.

Le mécanisme est le suivant :

Le souvenir est « inopinément » réactivé et entraîne une réaction en chaîne avec tout d’abord l’amygdale qui donne une réponse émotionnelle liée à un danger – avant que le cortex sensoriel et associatif puisse interpréter l’événement « rationnellement » (c’est-à-dire signaler l’absence de danger réel et stopper « l’emballement ») –, soit une décharge d’adrénaline qui fait augmenter le rythme cardiaque (préparer l’organisme à prendre ses jambes à son cou en cas de danger confirmé par le cortex associatif). Dans le cas des traumas, le « désemballement » a du mal à se produire car la situation de danger reste présente plus longtemps. Ces situations peuvent générer des sensations d’étouffement et de grosses angoisses difficilement gérables.

L’organisme finit par se stabiliser grâce au cortex associatif qui tient compte du type de danger grâce à la complicité de l’hippocampe qui fournit les informations liées à l’apprentissage (comment réagir face à un tel scénario) ainsi que les informations spatio-temporelles (confirmant qu’on n’est pas en zone de guerre par exemple).

Nous vivons tous des expériences négatives – parfois même très désagréables – quotidiennement mais heureusement que tous ces souvenirs ne nous atteignent pas comme peuvent nous atteindre les traumas. La raison est la charge émotionnelle liée au souvenir qui est une expérience particulière et singulière ; par exemple on peut tout à fait se remettre d’un accident de voiture ou d’une agression tandis qu’une gifle reçue par un des parents quant on avait 6 ans peuvent nous traumatiser toute une vie (une gifle en particulier, peut-être celle reçue devant tous les copains de classe).

Des schémas inconscients

Les cas des traumatismes se traitent à l’aide d’une thérapie (les médicaments permettant de soulager les crises aigües sont la paroxétine et la sertraline, soit des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine). En général, les personnes qui en souffrent vivent une vie tout à fait normale ; elles ne présentent aucune lésion neurologique pas plus qu’elles ne souffrent de déficiences mentales. Les causes d’un trauma sont accidentelles et non d’ordre structurel ; cela signifie que le trouble est réversible, la thérapie brève offrant pas mal d’outils pour traiter ces problèmes de façon définitive, notamment l’hypnose et (en particulier) l’EMDR.

Une résilience qui ne résout pas tout

Si on peut être ravi qu’une personne ayant des traumas soit performante dans la vie, au sens qu’elle est fonctionnelle, très adaptée, voire même particulièrement productive, cette aisance sociale (ou « relative aisance sociale ») peut paradoxalement l’empêcher de franchir un cap supplémentaire.

La personne qui souffre de traumas considère ces troubles comme des « petits bobos » ; elle vit avec ses cauchemars, voire ses crises chroniques. C’est la raison pour laquelle nous parlons d’une véritable thérapie de libération au sens où il s’agit d’une charge exceptionnellement lourde qui peut être enlevée.

La personne qui guérit de ses traumas ne peut découvrir ce qui la handicapait dans la vie que lorsque le trauma a disparu. Généralement nous parlons d’une vie plus épanouie, la personne peut à nouveau reprendre l’avion (si le trauma était liée à un atterrissage difficile ou un autre événement de type détournement d’avion) ou refaire d’autres activités qu’elle s’était interdit de faire pour ne pas s’exposer à de nouvelles crises d’angoisse.

La personne libérée d’une telle charge est plus apaisée, elle améliore ses qualités relationnelles (professionnellement, amicalement, ou sentimentalement) et peut même avoir carrément jusqu’à l’impression de revivre.

Quelques séances suffisent (en moyenne 3 séances d’EMDR) pour guérir définitivement d’un trauma. Mais il arrive très souvent que les personnes reviennent ensuite au cabinet, non plus pour de la thérapie, mais dans une démarche de coaching pour travailler et explorer toutes les belles opportunités qui s’ouvrent désormais à elle.