Les différents métiers de la relation d’aide
Psychologue, psychiatre, psychothérapeute, neuropsychologue, neurologue,… Comment s’y retrouver ? Vers qui aller ? Pour quels types de problèmes ? Au regard de tous ces titres, de ces différents profils de spécialistes de la santé mentale, on peut comprendre que le grand public puisse s’y perdre. Sans avoir la prétention d’une présentation exhaustive de chacun des métiers évoqués dans cet article, ce petit papier vise à débroussailler le paysage de la santé mentale et de l’accompagnement (psycho)thérapeutique en Belgique.
Voici une brève présentation de ces différents métiers. Vous noterez que certains professionels cumulent plusieurs casquettes (un psychiatre peut par exemple être psychothérapeute), alors que d’autres spécificités ne sont pas systématiques (un psychologue n’est pas toujours un psychothérapeute).
La confusion est inévitable dès lors où il arrive souvent que différents professionnels de la relation d’aide utilisent parfois le même langage par rapport aux patients et leur pratique professionnelle, notamment en ce qui concerne de les aider à atteindre des objectifs (qui est, a minima, une finalité implicite) – car même dans le milieu médical, dans les séjours à l’hôpital par exemple pour de la revalidation (mentale, physique, psychomotrice, etc.), l’objectif est de sortir de l’institution et de retrouver son autonomie (en plus de la préserver à travers un suivi médical et/ou psychologique).
Si les coachs, ou coachs de vie (titre qui n’est par ailleurs pas protégé), évoquent principalement leur métier comme étant accompagner des clients (la notion de patient renvoie sans doute davantage à du médical) pour atteindre des objectifs, il semble important de différentier les métiers qui entrent (d’un point de vue juridique) dans l’acte médical des autres métiers de la relation d’aide.
Qu’est-ce qu’un psychologue ?
Un psychologue est un professionnel de la santé mentale formé aux sciences psychologiques et à l’intervention clinique. Outre un stage dans milieu clinique supervisé par un maître de stage agréé, un psychologue a fait 5 ans d’études universitaires (équivalent de 300 crédits ECTC). Dans le cadre de son Master (2e cycle universitaire, inclus dans les 300 crédits ECTC), le psychologue aura choisi une spécialisation* : psychologie clinique (adultes ou enfants), neuropsychologie, psychologie légale, ou psychologie du travail. Depuis 2014, le SPF Santé Publique délivre un visa aux psychologues cliniciens, soit une autorisation qui permet d’exercer une profession réglementée des soins de santé.
* Ces différentes spécialisations vont définir les populations au regard desquelles le psychologue va intervenir : enfants, adolescents, adultes, couples, personnes âgées (gériatrie, démences et maladie neurodégénératives), troubles psychiatriques, détection des troubles de l’attention (TDA/h) / réalisation de bilans cognitifs sur demande du psychiatre ou du neurologue (neuropsychologie), populations carcérales (psychologie légale), etc. Au-delà du titre en lui-même (qui est protégé), les champs d’intervention du psychologues sont donc vastes. Notons aussi que le psychologue du travail (qui n’est pas clinicien) intervient dans le monde professionnel.
Qu’est-ce qu’un psychiatre ?
Un psychiatre avant tout un médecin. Il fait partie des 51 médecins spécialistes référencés par le SPF Santé Publique. Outre 6 années d’études pour porter le titre de médecin (équivalent de 300 crédits ECTC), la spécialisation en psychiatrie équivaut à 5 années d’études supplémentaires (300 autres crédits ECTC), soit entre 10 et 11 années d’études au total. Porteur du visa, comme le psychologue, le psychiatre est également inscrit à l’Ordre des Médecins. Il est spécialisé dans les maladies mentales, pose un diagnostic, et peut prescrire des médicaments (contrairement au psychologue qui n’est pas médecin).
Notons que le neurologue (qui n’est pas psychiatre) fait également partie de cette liste de médecins spécialistes, son champ d’intervention concerne le cerveau, plus précisément le système nerveux central et périphérique. On consulte un neurologue notamment pour des maladies telle que la sclérose en plaque ou pour des troubles de la motricité en conséquence d’une lésion de la moëlle épinière ou des nerfs périphériques.
Qu’est-ce qu’un psychothérapeute ?
Le titre de psychothérapeute n’est pas un titre protégé, mais dans le but de protéger les patients (de personnes qui usurpent la fonction avec une formation non vérifiée), le SPF Santé Publique cadre l’exercice de la psychothérapie. Concrètement, un psychothérapeute est une personne formée à l’intervention psychothérapeutique. Mais comme il n’existe pas de formation en psychothérapie comme il existe une formation de psychologue (structurée à travers un cursus universitaire), il existe encore beaucoup de zones d’ombre sur le métier de psychothérapeute. Si, en théorie, l’acte de psychothérapie est réservé aux psychologues cliniciens et aux médecins*, l’objectif des instances gouvernementales est de garantir aux patients d’avoir face à eux des personnes formées, compétentes, qui souscrivent à une charte éthique et déontologique. C’est la raison pour laquelle, le SPF Santé Publique évoque les droits acquis pour les psychothérapeute exerçant la psychothérapie avant 2016**, soit cette génération de psychothérapeutes pratiquant le métier (de façon probante) avant la réforme. L’objectif de cette dernière étant que les futurs psychothérapeutes aient systématiquement reçu une formation rigoureuse et scientifique, ce qui est le minimum lorsque l’on se présente (parfois comme le « dernier espoir ») face à des personnes potentiellement en détresse profonde.
* Ce qui est un peu particulier dès lors où un médecin, et même un psychologue, n’est pas spécialement formé à la psychothérapie. D’où l’importance pour le patient de s’intéresser au cursus du professionnel vers qui il va. Même si dans les faits, la déontologie du médecin et du psychologue, leur impose de rediriger les patients pour lesquels ils ne peuvent fournir l’aide appropriée. Cette loi n’est donc pas si contradictoire : les médecins et psychologues restent donc les meilleures personnes vers qui se diriger en cas de souffrances psychologiques.
** La Cour constitutionnelle a jugé dans un arrêt du 16 mars 2017 que les personnes qui exerçaient déjà la psychothérapie le 1er septembre 2016, mais qui ne rentraient pas dans les conditions pour les droits acquis parce qu’elles ne répondaient pas aux conditions, peuvent continuer à exercer la psychothérapie sans conditions supplémentaires.
Les autres métiers…
Il n’y a, en réalité, pas d’autres métiers qui entrent dans le cadre de soin aux personnes en matière de santé mentale et psychologique. Il s’agit tout au plus de spécialisations et de formations complémentaires par rapport à une formation initiale (équivalente à un bachelier, soit un BAC+3). On peut certes parler des coachs ou coachs de vie – pour autant que le coach puisse attester d’une formation rigoureuse (car en réalité même les formations certifiantes n’ont pas de valeur légale) et d’une pratique professionnelle probante. Le coach ne traite pas les questions psychologiques (et s’il prétend le faire c’est très problématique…) qu’il est supposé déléguer vers un professionnel habilité à traiter ces questions si des demandes de ce type se présentent à lui (même si la frontière est parfois fine et que le coach est tenté de répondre aux demandes qui lui parviennent). Notons que des organisations respectables, telle que l’ICF (International Coach Fédération), cadrent le métier (avec les limites et les champs d’intervention) ; le minimum pour une personne faisant appel à un coach est de s’assurer que le professionnel soit affilié à une Fédération*, comme un psychologue est (et c’est une condition pour porter le titre !) affilié à la Commission des Psychologues (chez qui il paie une cotisation annuelle) et où il est soumis à un code de déontologie.
Par ailleurs, il n’y a pas que coach parmi les titres non protégés (et qui nécessitent d’être vigilant par rapport aux cursus du professionnel en question) ; sexologue par exemple n’est pas non plus un titre protégé, c’est la raison pour laquelle les Universités acceptent les inscriptions pour les certificats en sexologie sur bases de dossiers (incluant un parcours de formation probant et des prérequis).
* Même si, en réalité, ce sont davantage les entreprises qui font appel à un coach professionnel qui ont la rigueur de vérifier ce genre de chose. La preuve étant que le métier de coach est plus proche du monde professionnel, ou du moins des secteurs qui impliquent la notion de performance (dans le sport par exemple, notamment en ce qui concerne la préparation mentale). On parle aussi de coachs scolaires pour aider les enfants à organiser leur travail et leurs études.
En conclusion
Cet article s’est voulu succinct, il vise à apporter un éclairage sur l’intervention psychologique et la relation d’aide – en particulier en Belgique (en ce qui concerne les aspects légaux). Il est destiné à un public qui s’intéresse à la question dans le but de savoir vers qui se diriger au regard de la santé mentale. Dans tous les cas, le médecin de famille, les psychologues, voire même encore les assistants sociaux (pour les personnes plus vulnérables socialement) restent les personnes de première ligne qui savent comment traiter les souffrances rencontrées par les personnes qui les sollicitent. Ces professionnels ont un réseau qui leur permet de rediriger les problématiques pour lesquelles ils ne sont pas spécialistes, ce qui permet de dire que la santé mentale est relativement bien organisée en Belgique. D’où l’importance pour les personnes en souffrance de se diriger vers des professionnels reconnus (diplômés d’une Université ou d’une Haute Ecole).
Nous avons volontairement fait l’impasse sur la psychanalyse (psychanalyste n’est pas un titre protégé) au sens traditionnel du terme (et caricaturée par « le fauteuil ») qui s’inscrit davantage dans le champ de la philosophie (même si les puristes contesteront et prétendront avoir une démarche scientifique)* ni des « professions » plus nébuleuses de type astrologue, tarologue, ou autres « thérapies énergétiques » qui n’entrent dans aucun champ scientifique et qui sont à éviter lorsque l’on traverse des souffrances qui, elles, sont bel et bien concrètes.
* A ne pas confondre avec les psychologues et psychothérapeutes d’orientation analytique.
Si vous avez des questions sur le sujet, que vous soyez un particulier intéressé par la psychologie et la psychothérapie, ou un(e) étudiant(e) en psychologie qui se pose des questions sur sa (future) pratique professionnelle, n’hésitez pas à prendre contact avec moi via le formulaire de contact.